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Le Blog

Devenir un héros!

Par une matinée d’école buissonnière, sur le clic-clac de mon petit appart d’étudiant. Studio de 21m² avec les murs décorés de photos, d’affiches géantes d’« Aubade » et de posters de Bob Marley. Je suis assis face à la télé dont l'écran est recouvert d’un autocollant disant: "du soleil et de la pluie". Aujourd'hui, il fait soleil.

Perdu dans mes pensées, le regard dans le vide, je me souviens d’un certain silence dans la pièce juste avant que tout ne bascule. Littéralement, j’ai senti le canapé tomber en arrière jusqu'à se renverser complètement sans pour autant en être « à l’envers ». Un peu comme si j’avais été dans une barque chavirant, et que sous l'eau, la tête en bas, je découvrais un autre monde, une autre réalité.

En un instant, j’étais « ailleurs », sur un autre canapé bien plus confortable, dans un autre salon bien plus spacieux et dans un autre moi… bien plus vieux ! C’était pourtant bien « moi », cette sensation de « je ». J’étais juste dans un autre temps : mon futur.

C’était entre faire un rêve éveillé et voir un film. J’étais à la fois acteur impliqué et spectateur imperturbable. Complètement présent et lucide, mais incapable d'interférer ou de changer quoique ce soit à la scène. Et du début à la fin, un goût palpable et indéniable de sacré, conscience de l’importance pour moi de voir ce possible futur souvenir…

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Dans cette autre réalité, je suis en pleine effervescence de joie avec un petit garçon d’environ 6ans, que je fais allègrement sauter sur mes genoux. Rodéo effréné accompagné de la bande son obligatoire, « tagada tagada tintin, tagada tagada tintintintin, … », on rit ensemble, on rayonne ensemble d’un bonheur tellement simple, tellement sincère.

Entre 2 cambrures de sa monture, ce petit cowboy en herbe me demande :

- papa, papa, tu me racontes une histoire ?

La question me propulse dans le temps, inversement des rôles : moi gamin, sur les genoux de mon père. Le revoir, tout fier et heureux de me raconter ses histoires. Quelle joie sur son visage. Il me raconte ses aventures et ses bêtises, rires et leçons de vie. Entre souvenirs et fabulations mais toujours avec ces émotions pétillantes, preuve quelque part, de l’authenticité de ce qu’il me raconte. Vous savez, quand les yeux parlent bien au-delà des mots, quand tout le corps s'y met et que l’on se retrouve comme transporté dans les mémoires du conteur, quand l’histoire devient une expérience en soit. C’est ça que je sentais quand mon père me racontait des histoires !

Je souri.

Sentiment de profonde gratitude pour tous ces moments simples mais qui pourtant, à mes yeux d’enfant comme d’adulte, sont tellement importants. Je comprends soudain l’impact de ces histoires, toute la transmission qu’elles contenaient, leur rôle indispensable dans la création de qui je suis devenu. L’importance que ce ne soit pas des Walt Disney ou des Frères Grimm mais, bel et bien, des histoires vécues par « mon père ce héro ».

Et là, je suis devenu le papa, c’est à mon tour de transmettre, de faire rêver!

Ce fut comme dans les films, quand au moment de mourir le héro fait un flashback sur sa vie. Remonter le temps en quête d'un souvenir à raconter. Rembobiner avec zoom et ralentis sur les moments marquants et avancées rapides sur le reste. Je commence donc avec mon présent de l’époque et vais remonter le long de mes 19 années de vie.

Ce que je cherche, c’est l’Histoire à raconter, celle qui va l’aider à grandir. Celle qui va nourrir son imaginarium en pleine croissance. Une histoire qui lui fera sentir que tout est possible, que la vie est incroyable et qu’il faut écouter son cœur, … Je veux lui ouvrir une porte sur un monde sans limites, lui offrir un bout de terrain fertile où faire pousser ses rêves !

Passent les jours puis les années, souvenirs intacts et moments oubliés : les blagues depuis le fond de la classe et les soirées à refaire le monde, les folies avec mes amours et les excès avec mes amis. Les rencontres, les séparations et les retrouvailles. Toutes mes joies et mes peines, mes drames et mes comédies, les tout simple et les imprévus, etc… mais Rien !

Je constate toutes ces expériences qui ensembles constituent ma vie. Je les considère une par une, mais aucune ne sort du lot, aucune ne me semble adéquate pour faire grandir un enfant… Rien.

Je remonte le temps aussi loin que je peux me souvenir, je fais même fais l’aller-retour au cas où quelque chose m’aurai échappé. Toujours rien ! Rien qui soit digne de ce petit aux oreilles et aux yeux grand ouverts. Rien qui inspire les valeurs que je souhaite lui transmettre : la noblesse du cœur et l’infinité de ses possibles. L’importance du courage et la beauté de savoir s’abandonner. La nécessité d’avoir des rêves et notre responsabilité dans leur réalisation. Rien de ma vie ne semble refléter tout cela.

Moment critique, hiatus entre deux souffles… il y eu comme un « crack », une fissure dans l’image que je me faisais de ma propre vie. Le canapé bascule à nouveau, je reviens au moi de 19ans sur son clic-clac.

De grosses larmes chaudes coulent le long de mes joues. Une tristesse si profonde qu’elle en est silencieuse et immobile. Une déception telle que même mes pensées n’osent plus bouger. Reste juste un gout amer au fond de mon être, le gout de l’échec, l’idée d’avoir vécu pour rien, autrement dit, de ne pas avoir vraiment vécu. Je prends conscience de mon inutilité dans ce monde, face à cette âme si ouverte et curieuse, je ne vois qu’un vide, une absence de sens appelée « ma vie ».

Le temps se fige sur le canapé, je ne suis même pas sûr de respirer…

En tâche de fond dans mon cerveau, se déroule un film qui projette ma vie future où je me vois piètre père, sans magie, incapable de donner ni texture ni saveur aux rêves de mon propre enfant… auto flagellation, me torturer encore un peu plus, sombrer dans mon mal être. Une partie de moi aime souffrir, ou plutôt, aime se faire souffrir…

C’est bien connu, de l’obscurité vient la lumière… arrivé au plus profond de ma douleur, le mental engourdi par la tristesse et le corps desanimé, inerte, quelque chose se passa en moi. Le « crack » devint un « clic » et de la déception naquit l’enthousiasme. Comme une douce voix intérieure soulignant un point de vue que je n’avais ou ne voulais pas prendre en compte : si ma vie est un vide, il ne me reste qu’à la remplir ! Si tout ce que j’ai déjà fais est en rien satisfaisant, ne reste qu’a faire diffèrent!

Grosse inspiration, remplir mes poumons, bomber le torse, étirer mes zygomatiques et sourire autant que ma souplesse faciale le permet : c’est décider, je vais redessiner ma vie, je vais vivre !

Sans m’en rendre compte, je venais de répondre à une des question née de mon accident : pourquoi ne suis je pas mort ? Eh bien, parce que je veux vivre, maintenant je le sais, mieux, je le choisi. Et je dis bien ici vivre et non survivre ! Il ne s’agit pas de continuer comme avant, non, impossible. Il me faut tout changer, réécrire mon mode opératoire.

C’est décidé, je vais vivre toutes les aventures qui un jour seront les contes pour mes enfants. Je vais partir à la découverte du monde, à l’écriture de mon histoire, au cœur de ma vie. Je vais honorer cette 2ème chance que l’on m’a donnée et peut être, un jour, moi aussi être le héros de mes enfants !

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Après cet épisode marquant, il m’a fallu un peu de temps pour tout mettre en place, pour me préparer ce grand changement mais surtout, pour l’accepter. Durant cette période, mon mental a souvent voulu reléguer cette révélation si profonde en une simple fantaisie passagère. Comme une voix me disant de simplement continuer ma vie telle qu’elle avait commencé, de ne pas la compliquer pour rien. J’ai failli me laisser séduire par certaines offres de cette voix manipulatrice. Des futurs tranquilles et sécurisants, des nids douillets, des cocons protecteurs. La promesse de la réussite sociale, la construction familiale idéale, l’ascension professionnelle assurée, …

Mais ce feu à peine ravivé refusait catégoriquement l’idée même de se contenir. J’avais en moi cette soif d’aventure, cette envie de vivre la Vie, de la découvrir en moi, de me découvrir en elle. Une envie de vibrer, de vrai, de grand, de profond, d’intense. Je devenais même curieux de savoir ce dont j’étais vraiment capable, quelles étaient mes limites ? et une fois dépassées, quelles seraient les suivantes ? Changer de style de vie n’était plus une idée mais un processus déjà en cours.

Je me souviens de certains proches me disant être courageux de partir, d’autres me disant inconscient. Comment leur expliquer ? Comment expliquer que rester était bien plus effrayant pour moi que tout ce qui pouvait m’attendre ailleurs ? Comment faire sentir ce feu ardent, cette conviction intime et cette irrésistible envie de faire de ma vie, un livre d’histoires ?

Car la vie ne se mesure pas par le nombre de respirations que nous prenons, mais par les moments qui nous coupent le souffle !

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En guise de conclusion, je vous propose un petit jeu a faire par et pour vous même. Vous avez juste besoin de 5min, d’un papier, d’un crayon et d’être honnête.

Il s’agit du jeu de l’épitaphe !

Imaginez vous au moment de mourir, heureux. Vous avez vraiment bien vécu, une belle vie bien remplie. Vous êtes maintenant prêt à quitter ce corps, en paix.

Qu’aimeriez vous que vos proches écrivent sur votre tombe ?

Commençant par « ci gît… », rédigez un petit texte de maximum 20 mots. Une fois écrit, lisez le à voix haute, faites une pause puis demandez vous honnêtement : à quel point ma vie va dans ce sens ? A quel point est ce que je fais ce qu’il faut pour inspirer cette épitaphe ?

De la, si nécessaire, commencez à ajuster votre vie, vos actes, vos choix ! Prenez la direction de la personne que vous voulez être/devenir. Devenez la meilleure version de vous même !

N’hésitez pas à faire ce petit test régulièrement pour voir… car non seulement vous changez, mais change aussi ce que vous considérez comme une épitaphe idéale. Vos valeurs évoluent avec vous !


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