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Le Blog

Point de départ

C’est juste un énorme « BOOM » avec aucun souvenir du moment qui le précède. Par la suite, j’apprendrai que je viens de percuter un camion en choc frontal.

Je suis dans la fiat Uno rouge, côté passager, je ne comprends pas. Que c’est il passé ? Etat de confusion totale. Un peu comme quand on se réveille en sursaut, se demandant ou on est et qu’est ce qu’il c’est passé. Seulement que dans ce cas, ce n’est pas la sensation mais bel et bien la vision qui est vraiment apocalyptique.

Il y a cette odeur intense et ce goût désagréable qui persistent dans ma bouche. Réunir mes perceptions, mes sens et me centrer un moment. Je regarde aux alentours. La vision apporte une compréhension partielle à tous mes sens en alerte : c’est du sang, partout, que du sang, tellement de sang. Mais que c’est il passé ?

A cela s’ajoute l’ouïe. Une respiration irrégulière et difficile à mes côtés, j’aperçois ma copine, à ma gauche, écrasée contre le volant. Je veux l’aider, lui parler, faire quelque chose, mais je n’arrive pas à bouger. Je suis prisonnier de mon corps qui n’arrête pas de m ‘envoyer toute sorte de signaux d’alarme et de douleur.

Soudain, quelque chose clique en moi, quelque chose prend le dessus sur le mental et son agitation : « quelqu’un se doit de prendre les commandes ». Il n’y a plus de peur ni de questions à ce moment, de la confusion oui, mais aussi, paradoxalement, de la lucidité. Il y a une présence totale de mon être, une conscience centrée sur ici et maintenant avec, en bruit de fond, une multitude de pensées qui s ‘affolent et se piétinent entre elles.

Puis le temps commence à se déformer, il s’étire et s’altère, au point de me permettre de pénétrer l’espace infini qui existe entre 2 secondes. Le temps est relatif à la vitesse des pensées auxquelles on s’identifie. Je ne m’identifie plus, donc l’instant devient éternité.

La conscience se pose sur chaque détail, assimile chaque information que mes sens rapportent à une vitesse incommensurable. Savoir et Etre deviennent la même chose, pas d’interprétation ni de jugement, juste témoigner et intégrer, plus de filtre.

Mon être souffre à tous les niveaux que je lui connais. Le corps est perdu entre spasmes et tétanie, incapable de trouver du repos dans tous ces stimuli sensoriels. Le mental ne sais que faire, surtout sans l’appui du corps pour agir.

Quant aux émotions, elles sont tellement confuses et incontrôlables qu’elles sont illisibles et néfaste : naturellement misent sur le banc de touche avec les pensées intempestives et irrationnelles.

-- Je suis --

Je suis témoin de cette scène, incapable d’agir, en train de succomber de plus en plus à la douleur. Tous les mécanismes de défense sont actifs, le corps déploie des armées de composants chimiques afin d’assurer sa survie, il monopolise toute source d’énergie existante en moi.

Le mental commence à se refermer sur lui même et perdre du terrain, je n’arrive plus à décrypter toutes ces informations, trop d’intensité… pas envie de perdre conscience, je lutte, j’ai mal, je dois résister, ne pas sombrer, j’ai mal… je cède.

Le soulagement est immédiat, une délivrance, presque une extase… je ne sens plus rien !

Est ce l’imagination, un rêve ou bien que je divague, mais je « vois » mon corps en contre plongée, en dessous de moi. Je m’élève de plus en plus jusqu’à voir toute la scène : vue un peu macabre. Des bouts de plastique et de tôle froissée jonchent le sol autour de plusieurs véhicules éparpillés dans le décor. La fiat Uno est dans un sal état, tout comme les 2 corps qui sont à l’intérieur. Je peux lire les émotions, la douleur, la confusion, … mais je ne m’identifie plus vraiment à tout cela.

Il me semble m’élever, même si la notion d’altitude est vraiment incorrecte. En fait, toute notion de géolocalisation est incorrecte !

Le ciel bleu-gris d’hivers s’obscurcit jusqu’à ce que je me retrouve dans le néant, le noir absolu, l’obscurité la plus totale.

Il y règne un silence religieux, un silence comme je n’en ai jamais expérimenté auparavant. Pas le moindre sons, ni même celui d’un battement de cœur.

Sentiment de VIDE infini, et paradoxalement, ce vide est PLEIN. Comment expliquer ce que mon mental n’a pu que se résigner à accepter à défaut de le comprendre ?

L’analogie la plus proche que je peux faire, c’est le sentiment de satisfaction des plus totale sans raison aucune. Les religions et les mystiques parlent de béatitude, la jouissance d’être vivant.

Je flotte dans cet univers sans frontières, sans endroit ni envers. C’est au delà de toutes les lois physiques de notre réalité quotidienne. Tout ce qui a attrait à la matière n’a pas lieu d’y exister. D’ailleurs, dire que je flotte est en sois incorrect.

Je suis donc là, présent, totalement présent, je dirais même omniprésent. Sensation de compréhension et de cohérence.

Idée d’avoir accès à toutes les réponses à n’importe quelle questions que je me sois posées ou pourrai encore me poser. Mais je ne m’en pose plus aucune, et les réponses sont toutes présentes, sans besoin de mots. Comme une conviction intime, un savoir venant de l’intérieur et étant son propre point de référence. Il n’y à plus aucun mystère, la vie se révèle à moi, nous sommes 1, omniscience.

Puis apparaît un point blanc, comme une lumière. Si tout est obscurité, cette lumière n’est en rien aveuglante, tout au mieux, elle est intense. Tellement attirante, toute ma conscience s’y dirige, je suis fasciné, mesmérisé.

Je ne saurai dire si elle grossit ou si elle se rapproche. Mais au fur a mesure que j’intègre l’idée, le point devient « le fameux tunnel de lumière » que l’on retrouve dans beaucoup de récits de NDE (cf. Expérience Proche de la Mort). Puis me voilà comme face à cette grande porte qui est toute ouverte et tellement accueillante. Une partie de moi connait les conséquences de « passer cette porte », le côté décisif de ce pas, et j’en ai terriblement envie.

Cependant, je n’ai pas vraiment eu le choix, car aussitôt l’envie de traverser se manifestât, aussitôt quelque chose de bien plus grand que moi me fit comprendre que « non » ! Il n’y a pas de choix, tu redescends ! Je sentis une influence supérieure à ma volonté. Je m’en suis souvenu comme une très forte pression venant du haut et me poussant vers le bas, vers la Terre, vers la voiture, vers ce corps et tout ce qui allait avec.

En un instant, je me retrouvais de nouveau sur le siège de la fiat Uno avec ce que cela incluait : vision macabre, douleur, gout atroce, …

ça s’active autour de moi, c’est chaotique, du bruit, beaucoup de bruit. Je sens des gens qui me tirent et me poussent, qui me sorte de la voiture. Je distingue un visage qui me parle, je ne peux comprendre ce qu’il dit et pourtant, je constate que je lui réponds. Je suis conscient de tout ce qui se passe, mais incapable d’interférer avec les évènements.

Je comprends assez rapidement que c’est de l’aide, des pompiers. Ils s’évertuent à me parler et me faire parler, ils veulent que je reste présent avec eux. Si seulement ils savaient ! La seule présence dont j’ai envie, c’est celle qui n’existe que entre 2 secondes, celle qui est totalement dénuée de formes, celle qui existe dans le noir absolu et dans le silence le plus total.

Mais je suis déjà ici, de retour dans ce corps, dans Sébastien. Peu à peu, je reprends mes esprits au prix de perdre cette conscience. Ils me mettent dans l’ambulance, sur le brancard… « C’est pas très confortable dans votre ambulance ! » dis je pour me dédramatiser. J’ai encore un peu d’humour, je constate que je suis revenu à cette personnalité que jusqu’à présent j’appelai « moi ».

Au réveil, à l’hôpital, je me sens comme étranger à moi même. Quelque chose est différent, me reste à découvrir quoi. Me reste surtout à découvrir toutes les nouvelles questions qui vont naitre à la suite de cette expérience:

Est ce moi ou bien ce que je considère être « moi » qui a changé?

Suis je encore « moi », le même « moi » qu’avant ?

D’ailleurs, qui suis-je ?

Pourquoi m’a t’on renvoyé dans ce corps ?

Pourquoi suis je encore en vie ?

Et puis, quel est le sens, le but de la vie ?

… … …

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